Iron Maiden, burlesque et endiablé

PALEO La formation de heavy metal anglais est venue faire son show teinté de Ténèbres et de burlesque sur la Plaine de l’Asse à Nyon mercredi soir. 

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On nous avait pourtant prévenus. Pour le concert d’Iron Maiden, repassez vos t-shirts aux motifs apocalyptiques et peignez-vous les ongles en noir. Et laissez la part la plus obscure de votre âme faire le reste. Mais bon, force est de constater que, parmi les 35 000 têtes de pipes se massant devant la grande scène à 20h30 ce mercredi, le style est plutôt bigarré. L’on trouve les fans des premières heures – dont les kilomètres au compteur ne semblent nullement avoir entamé leur enthousiasme ou discipliner leur chevelure en pagaille. Ensuite, il y a les fans de plus récent aloi, ceux-là même qui pourraient bien pourchasser des Pokémons sur fond de Dance of Death. Les jeunes, surtout, nous font sourire. Il y a certes un petit air rebelle, à se promener façon suppôt du Prince des Ténèbres, mais le tout reste bien propret et juvénile. Quelques jeunes filles ont retroussé leur t-shirt jusqu’au nombril. Just de quoi entrevoir la bobine de la momie Eddie au-dessus du nombril. Hard rockeuses certes, mais le glamour n’est pas un compromis.

Enfin, une majorité de familles s’est donné rendez-vous au bal des damnés en toute sérénité, leurs bambins trépignant devant les écrans géants en mâchouillant une paille. C’est que la part de peur et de darkness réservée autrefois au Heavy Métal et à son acolyte populaire le rock n’impressionne plus. Le monde de Bruce Dickinson évoque désormais bien moins Satan que les balades sur thème de solitude et de chagrin. Et sur scène, les attitudes les plus rockeuses se parent d’éclats burlesques. Rien de plus cathartique, cela dit, que de sentir une foule encline à communier devant la Bête en ce mercredi soir. Un pied de nez, peut-être, aux peurs engendrées par les attaques successives en cette année 2016.

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Les premiers riffs de guitare diffusent une véritable onde de choc électrique. La voix perchée de Bruce Dickinson – lequel a remplacé Paul Di’Anno à la fin de 1981 – se gargarise du tempo de la drum. Au cordes vocales mélodieuse et éraillées répondent les cordes gémissantes des guitares. Le show s’annonce grandiose. Plusieurs têtes échevelées se balancent. Les instruments s’égosillent et voltigent en cadence aux mains de leurs bourreaux. Les jambes se lancent à l’assaut des amplis. On admire l’incroyable souplesse du guitariste qui esquisse un écart nullement freiné par son jeans ultra-moulant.

Des flammes et des slams

La scénographie ne déçoit pas. Déjà que Paléo a frappé fort en terme de projecteurs. Mais les effets pyrotechniques viennent ajouter à la transe des musiciens en plantant un décor ritualisé. Un cercle de fans se lance dans un pogo endiablé, tandis que d’autres slament la foule avant de finir dans les bras des securitas. La foule est littéralement galvanisée lorsqu’éclosent les premières notes du titre The Trooper, à l’occasion duquel voltige un drapeau Union Jack. L’amusement est à son comble lorsque le chanteur revêt un masque de catcheur mexicain. Oui c’est bien de cela dont il s’agit; d’une théâtralité de la brutalité. Et on en redemande.

“Guten Abend”, lance enfin Dickinson pour saluer la foule. Laquelle hue le malheureux en retour. C’est qu’on est en terre romande, et le chanteur se doit de continuer en français dans le texte. L’homme surprend son public en révélant avoir écrit  le titre «Tears Of A Clown» pour Robin Williams. A 57 ans, le Britannique porte toujours la flamme sacrée du Hard rock. Reste à savoir où il puise son inaltérable énergie. Le Malin lui aurait-il alloué des capacités surhumaines? Entre une licence de pilote et la gestion de sa propre marque de bière, Dickinson fourre quotidiennement son nez dans les livres d’Histoire pour tricoter des références mythologiques percutantes dans ses textes.

Et ça dure 

Le groupe a voyagé loin. Et à son rythme. S’essoufflant parfois, mais jamais balayé. Leur premier album, The Number Of The Beast, sorti en 1982, évoquait la transe d’un homme poursuivi par l’oeil du Malin. Trente ans plus tard, les fans de ces hardeux en jeans moulants sont encore légion. Quelque 90 millions d’albums écoulés, 2000 lives dans 59 pays, voilà des chiffres qui ont de quoi faire tourner les têtes comptables les moins férues de Heavy Metal. Rajoutons à cela un jeu en ligne et la panoplie marketing est au complet. Mais le groupe n’ai pas féru de sa célébrité. Bien au contraire, ils s’en accommodent, et souhaitent laisser la part belle à la créativité. Laquelle, comme le groupe britannique nous l’a prouvé ce mercredi soir, semble avoir encore de belles années devant elle.

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