Vaccarello et Jacquemus déstabilisent

Anthony Vaccarello dessine une femme fatale et affirmée aux antipodes de la femme-enfant de Jacquemus. 

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Anthony Vaccarello, femme fatale et affirmée

Qui mieux qu’Anthony Vaccarello pour ouvrir les joies du runway parisien? Le nouveau directeur artistique de la maison Versace nous a offert un ensemble de pièces robustes de par leurs tranches monochromes. La tempérament rebelle des tenues se pique d’une touche modern western: franges, motifs en étoile, daim marron glacé et blouses en cuir boutonnées dessinent une femme forte et libérée. Les tenues gagnent en légèreté de par les découpes des jupes qui laissent apparaitre les jambes. Nous avons notamment aperçu celles, interminables, de la top Joan Smalls. Mention spéciale pour le jeu masculin-féminin des ceintures; celles-ci enserrent la taille tout en imposant une présence forte par la grosseur des boucles. Les franges métalliques font écho aux motifs cloutés, et renforcent sa coupe aux relents punks. Une invitée de marque n’aura pas manqué le défilé à la maison de la radio, comme l’a remarqué notre styliste : Donnatella Versace est venue applaudir l’exploit de son dernier protégé. 

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Jacquemus et la femme-enfant

Simon Porte Jacquemus. 25 ans et du génie. Le jeune trublion de la mode ne pouvait faire une collection sans référence à quelque manifeste artistique. Le designer met à l’honneur la femme-enfant, qui se maquille, se masque et joue à découper des vêtements. “J’avais envie de poésie à la Michel Gondry, d’enfance, de découpage, une femme enfant encore, même pas, un enfant sans sexualité”, explicite le designer.

Ce dernier jongle avec les lignes déstructurées et les effets trompe-l’œil. Les pièces de feutre et de coton se superposent comme le patchwork, et génèrent un suspens entre les coupes et les couleurs. Les bustes parfois nus des mannequins sont habillés d’un marcel imaginaire, brossé d’un trait de couleur. Les segments bistre et châtaigne s’enlacent sur les corps, se perdent dans le noir. Des protèges-tibias en carton autour des mollets, des masques opaques sur les visages, tout est fait pour jouer avec la logique. Ces masques d’ailleurs, tels des esquisses non achevées, effacent le corps pour mieux consacrer le vêtement. Jacquemus aime à jouer avec l’inachevé; il semble abandonner une part de la pièce ici pour ajouter là un détail fantasque. Ce pantalon unijambiste n’est-il pas voué à faire sourire, lorsqu’il est compensé par des manches bouffantes presque chiffonnées?

Point d’orgue de la collection, l’artiste Berlinois Sebastian Bieniek a reproduit ses oeuvres sur le visage de quatre des mannequins. Ses ébauches de portraits ont teinté d’une poésie étrange les découpes mutines de Jacquemus. L’ensemble de la collection traduit une liberté de geste, qui puise ses fondements dans l’enfance. “Primitif et naïf, ce sont les mots que j’ai tout de suite voulu coller à cette collection”, a précisé le designer.

Une chose est certaine: le jeune Jacquemus, aussi talentueux qu’il est désordonné, signe une collection d’une grande virtuosité. “Margiela a de la relève”, conclut notre styliste.

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Pascal Millet et Dévastée aériens

Mentionnons encore Pascal Millet, qui nous avait habitués à des superpositions de matières très fouillées lors de la saison hivernale. La marque nous a surpris avec une collection facilement transférable à la rue. Nude, vieux rose et bleu pâle se cherchent dans des tenues casual en coton. Robes loose, one-piece, jupes aériennes, tout semble pensé en fonction du confort. On retiendra surtout cet ensemble ocre en cuir souple qui tranche avec gaieté les tenues sombres terminées de voiles transparents. Le très bon Dévastée a quant à lui a offert un triptyque marine, blanc et noir. L’imprimé est de retour, et s’inscrit avec la délicatesse de la calligraphie sur des tissus légers et aériens.

Photos: NowFashion 

Graphisme photos:  Boudjeniba Houcine

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