La réhab’ de Galliano

“Margiela, la réhab(ilitation) de Galliano”, tel pourrait être le titre de ce nouveau chapitre qu’entame le célèbre couturier. Ce dernier réussit la prouesse de revenir sur scène en nous déséquilibrant…avec psychologie. Un défilé plus révélateur que celui Vaccarello ou Jacquemus, qui nous ont déstabilisés avec finesse, et de Vivienne Westwood, qui nous a décontenancés avec poigne

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Après 15 ans, John Galliano était parti de la maison Dior avec du plomb dans l’aile, après un licenciement qui avait fait du bruit. Suite aux dérapages d’un Galliano ivre qui avaient fait du bruit. Depuis, l’homme se mure dans le silence. Une attitude sage qui lui permet de revenir en portant haut les blasons de la maison Margiela. Le travail autour des collections 2015 a sans aucun doute participé d’une catharsis libératrice. Elle a ouvert une porte sur le moi du créateur, et expulsé un ça auto-destructeur. Jamais l’on n’avait foulé avec autant d’introspection les sentiers tortueux de l’intimité gallianienne. Le designer semble s’être mis à ses croquis comme on s’allonge sur le divan. Au bout de la thérapie, une esthétique autour du topos borderline, dans la personnalité comme dans la mode. La collection se veut célébrer “l’innocence”, interroger la “conformité”. Le thème du défilé fait mouche. Car si la question du beau et ses limites se pose régulièrement dans le monde de l’art, l’univers aseptisé du textile a de la peine à bousculer un canevas…embourgeoisé par les attentes du marché du luxe.

Cela dit, le britannique n’a aucunement dénaturé les lignes traditionnelles de Margiela. Les tenues sont fidèles aux axiomes de la maison; un “déconstruit” savamment réinterprété avec l’élégance haute couture. Mais rajoutons un Galliano en mal de faire ses preuves, et vous obtenez une explosion du carcan des bien-pensants. Le runway a pris des airs de “bal des zombies” lorsque des mannequins bossus et claudiquants se sont avancés dans l’éclat brut des couleurs de leur make-up aux tons clownesques. Ces silhouettes, tout droit sorties du cirque infernal, ont instillé une esthétique angoissante digne des Spooky Kids à leur apogée.

Galliano n’a pas hésité à puiser dans l’univers punk pour parfaire sa performance. Le maquillage arty, les cheveux crêpés avec volume et les accessoires fluos ont capté un public fasciné par l’allure grotesque du catwalk. Le ton séditieux fut souligné par des mannequins à la dégaine de pantins désarticulés. Les accessoires luminescents ont twisté des pièces cocktail, des trenchs et des jupes en soie aux motifs tartan. Les manteaux se font ultra-longs pour pulser un rythme plus harcore. Ils sont en vinyle, en daim, ou en fourrure.

Passé le choc premier, la plastique de la collection nous ramène vite en terre connue. L’on retrouve avec délice les imprimés léopard ouverts sur du python, les asymétries et le jeu de longueurs entre jupes et manteaux, le velours marqueté et les manches ajourées aux tendances gothiques. L’on ne peut ignorer les robes microscopiques, plus excentriques que sexy, qui remontent sur la hanche. Tout comme les hauts, elles se font transparence en dévoilant le buste. Mention spéciale pour le blazer officier coupant brutalement une jupe asymétrique qui s’emmêle dans ses pans oubliés. Le pourpre, le nuit dense et le bleu navy sont illuminés par l’or des gants (de vaisselle?) et des manteaux. Les tons profonds sont étrangement égaillés par des colliers-fleurs éclatants comme le mimosa.

Welcome back, John!

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 Flash back folks! Spring-summer 2015

 

 

  • Texte: Cherry Chipper
  • Photos: via Now Fashion
  • Web designer: Boudjeniba Houcine

 

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