Pete mon pote tu t’es encore endormi. Et une meute de journalistes tapait du pied devant ton expo, en attendant que celui qui les a convoqués daigne montrer le bout de son trilby. Pas malin si l’on pense qu’un journaliste averti en vaut dix. Pete mon pote, monter son expo et ne pas s’y pointer, c’est comme assister à son propre mariage planqué à plat ventre sous les bancs de l’église. Mais pas pour toi. On te sait génie insomniaque, déglingué, un brin bipolaire. Dandy trash et icône des ados bourgeois en mal de révolte. Pete mon pote, tu as fait ce qu’on attendait de toi – te moquer du petit monde qui s’agite là en bas, et continuer à créer, dans tes limbes neurasthéniques. De toute façon, un créateur n’a pas besoin pour exister d’étaler son logos bien mastiqué sur les brioches des journaleux. L’œuvre suffit, et la tienne nous montre clairement que tu puises l’encre de tes textes dans la bile de tes idées les plus noires.
Libertaire effronté, tu pourrais être ce genre d’artiste qui aime le geste pour le geste, et laisse le reste aux rapaces de l’immanence. Mais tout comme ton look faussement négligé – et même, pourrait-on dire, savamment étudié, ce n’est pas si simple. Tu aimes le public, jouer les provocateurs par des actes contestataires qui ne font sens que dans une vie urbaine rythmée par les drogues et la poésie. Tout comme tes mots écorchés sur un tempo mélancolique, tes toiles ont ce quelque chose de fou que seule la spontanéité maladive peut générer. Sans prétention, mais singulières dans leur désespoir. Et encore, tu réussis à intriguer.
Du 7 au 22 mars, le domaine de Villette à Conches (Genève) accueille les toiles du très talentueux Pete Doherty. Des esquisses intimistes qui croquent les affres identitaires de l’artiste, entre sang, encre et seringues. Article à lire en intégralité tout prochainement.
Here comes a delivery straight from the heart of my misery
Here comes a delivery straight from the heart to you
(photo@nicolaslieber)
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