Dans la brasserie de Gabrielle Chanel

Pour la fashion week, Karl Lagerfeld nous emmène flâner dans les brasseries si chères à Gabrielle Chanel. Un thème certes convenu, que le créateur a souhaité construire en opposition au french bashing ambiant. L’on célèbre ainsi ce que le Paris du début 20 ème comptait de plus raffiné: la haute couture et la gastronomie.

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Karl Lagerfeld aime les mises en scènes, c’est un fait. Certes, se renouveler après tant d’années (depuis 1983, tout de même!) à la tête d’une maison dotée d’un renommée historique comme Chanel semble d’une gageure incommensurable, quand l’ensemble des médias de la planète vous attend au coin de la fashion street. Mais Karl ne s’effraie guère quand il s’agit de faire montre d’une certaine bravade ou autre rodomontade qui permette de faire sourire un public blasé par les colliers de perles ou autres tailleurs. Moderne, le créateur fait souvent mouche. Impossible de bâiller quand le French Kaiser nous emmène dans une manifestation syndicale! Inutile de préciser que la critique attendait beaucoup de la scénographie pour présenter la collection automne hiver 2015 2016.

Mais voilà, ce 10 mars à Paris, l’on prend un siège dans un décor aux dalles carrelées, ponctuées de tables en fer et de chaises en bois rouge. Survient le sommelier, qui vient nous annoncer un menu dont on ne pourra oublier la saveur de sitôt. Car Chanel nous emmène aux bras de Gabrielle, dans ses brasseries tant aimées, où tout a commencé. Et voilà que surgissent dans le claquement des portes tambours des élégantes parées au style de la Belle époque, celle-là même où la menue Gabrielle prenait place sur les banquettes des établissements conviviaux, aux côtés de ses amis artistes. Dans un Paris du début 20ème, Gabrielle fréquentait les cafés-restaurants et les esprit lumineux, s’invitait chez Maxim’s ou suivait Boy, son amour de jeunesse, à l’opéra.  Aux côtés d’Igor Stravinksy ou de Dali, ce n’était plus Coco, mais une femme qui s’était faite aux us et coutumes du beau monde, qui échangeait ses idées et concevait sa propre histoire.

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Dans son défilé, Karl nous fait parvenir le plus précieux des parfums parisiens; celui qui domine la rue Cambon. Gabrielle était et rebelle, et visionnaire pour l’époque; elle souhaitait que le vêtement soit taillé au corps  et non inversement. La cousette n’hésitait pas à troquer l’amazone pour les jodhpurs. D’une élégance jamais égalée, la reine pauvre a libéré la taille pour marquer une silhouette au féminin masculin savamment confondus. Mademoiselle Chanel s’est d’ailleurs inspirée des tendances sportswear qu’elle avait pu observer dans les stations balnéaires, alors qu’elle fréquentait des gens du monde. Le golf ou le tennis auront ainsi leurs simulacres dans les uniformes Chanel. La reine pauvre des petits ateliers marquera une génération avec les pantalons, les jupes plisses, les tailleurs à poche ou les cardigans en maille et en jersey, ce tissu que l’on utilisait pour les maillots des soldats.

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Certes, le thème est plus que convenu. Mais la palette classique de Chanel est dépoussiérée par une ligne Lagerfeldienne, plus audacieuse et résolument récréative. La coupe androgyne est soit accentuée, soit adoucie par  l’apport des accessoires. Les perles et autres breloques scintillantes viennent rehausser des jupes en maille épaisses aux motifs chevron ou pied-de-poule. Les tailleurs en tweed sont coupés de cardigans jersey au bleu persan. Les coupes sont simples et ne dépareillent pas de l’esprit de la marque, mais retrouvent une ligne dynamique dans un mix presque rock’n roll. Ainsi, les vestes bomber en pied-de-poule rendent à la jupe longue et sage une sonorité punk. Le cuir coloré vient ceindre la taille et affine une silhouette enveloppée de parkas subrodés de perles scintillantes. Des robes au tranché impérial – si cher à la maison Valentino – viennent dépareiller dans un set de doudounes matelassées aux touches sporstwear. Le maquillage et la coiffure constituent un clin d’oeil aux sixties, avec des traits d’eye-liner épais et des bandeaux façons Bardot. Le style cocotte ou années folles reprend le dessus avec les plumes, la raie de côté et son oeil charbonneux.

Comme l’explique le Kaiser lui-même, le décor vieille France poussé à outrance permet de contrebalancer le French bashing paradoxalement en vogue en ce moment. Le thème de la brasserie française peut se parer de raffinement car ouvragé par une main sans orgueil cocardier.  “C’était bien que ce soit un étranger qui fasse ça. Si c’était un Français, ce serait patriotique, cocorico”, a expliqué avec justesse le créateur dans une interview. Celui-ci a également mis à l’honneur -sans trop de subtilité il est vrai – la gastronomie du pays, dont la réputation rayonne internationalement aujourd’hui encore.

 

Les coups de coeur du Cherryship

  • Le sautoir de perles

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  • La veste bomber et son motif en échiquier

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  • La veste à manches ballons et sa jupe fluffy avec effet papier crêpe

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  •  Le tailleur revisité de ses parkas à sequins

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  • Le soulier bicolore

    shoes“Le dernier point de l’élégance” selon Mademoiselle. Pour parfaire la silhouette imposée par Gabrielle Chanel, il fallait un modèle de chaussure qui convienne à toutes les tenues, du matin (au travail) au soir (pour le cocktail). Bref, il devait être confortable et adapté au nouveau style de vie des femmes. En 1957, elle crée des escarpins à bride bicolore : beige et noir. Comme l’explique la marque, “l’effet est très graphique : le beige allonge la jambe et le bout noir raccourcit le pied”.

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