Un café pour se bidonner

Ce moment, où, au travail, je chipe sur la pile ce petit bout de graal grisâtre, le bord légèrement ourlé, qui va contenir mon café brûlant…c’est ce moment dont je parle. Celui qui annonce une journée très, très longue. 

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On ne peut pas dire que c’est le rire qui m’étrangle au boulot. Je ne sais pas vous, mais moi le matin, j’ai tout essayé. Déjà, la bonne humeur va de pair avec cinq cafés bedonnant de ses trois carrés de sucre bien crémés. Ce kit de survie est déjà aussi difficile à obtenir qu’un pass all inclusive au Superbowl. A 8h du mat’, je nous vois encore, avant la séance de rédaction, faire la queue devant la minuscule machine à café, l’oeil torve. Et déjà là, il fallait jouer des coudes. Prouver qu’un manque de caféine nous rend agressifs. Prétexter la chute de tension vertigineuse. “Excusez-moi, je peux passer devant vous?”, est une prière qui a dû raisonner plus souvent dans ces locaux que l’adage fétiche des journaleux, “il faut une “titraille qui tue”. Je ne sais pas vous, mais moi, le manque (de caféine)  dès potron-minet réveille ma facette apathique, condamnable dans le milieu car impossible à asphyxier sans ingurgiter un fourgon de placebos dopaminergiques. Allons bon, on ne vous la fera pas à la Beigbeder dans son 99francs.

Mais je vous assure que moi, le matin, j’ai tout pardonné. L’odeur des after-shaves et des Chanel caillés dans le train bondé. Les gens pressés qui vous heurtent de leur Freitag sur le quai. Les bruits assourdissants de l’open space et ses relents mal identifiés. Alors quand j’arrive à ma place, il ne faut surtout pas me priver des cinq ou six gobelets en carton mous qui permettent à mon cerveau abruti par l’actualité de passer outre la perspective d’enchainer dix ans l’oeil rivé sur le même écran papillotant, les doigts collés sur le même clavier dépenaillé.

Ainsi quand un groupe de créatifs (ces gens qui colorent en 150X100 cm la moindre parcelle de mon quotidien achromatique), a l’idée de rendre à ma bonne humeur sa spontanéité ayant expiré à maturité ( à l’âge de rentrer en boite), moi j’applaudis. Enfin de la fantaisie! La fantaisie est un partenaire de travail fiable, si si!

Les gobelets imprimés de sketches mutins sur leurs flancs me font rire. Me détendent. Moi je veux de l’humour potache au petit déjeuner. Des galéjades en fond d’écran. Des boniments à la cafét. Des pubs virales qui popent des blagues carambars sur le site d’Euronews. D’autre part, je suis certaine que six employés Google, traités comme des potes de foire par leur boss survitaminé, sont plus productifs que quinze moribonds par la rigueur harnachés.

Je salue donc l’initiative de l’agence Etienne&Etienne, qui a eu l’audacieuse idée (disons: téméraire pour la Suisse) de fournir des visuels comiques pour détendre les coins cafés des entreprises. La bonne nouvelle: un concours a été mis en place pour que les amateurs du petit noir (ben oui, c’est son surnom!) envoient leurs vannes autour du thème du café. Amis lecteurs, envoyez vos bons mots et vos dessins!  Mon humeur dépend de vous. Que de votre esprit je puisse me boyauter! Que je puisse me gondoler devant les précieux godets!

Créatifs, que la farce soit avec vous! Je passerai  ainsi le plus harmonieusement du monde du petit déj’ et son traditionnel déchiffrage des inscriptions au dos de ma boite de corn-flakes au décodage des dépêches sur ma tasse de café.

En attendant, je vous laisse, il y a une capsule qui m’a fait de l’oeil et je ne peux l’ignorer.

 

PS: Message à toute start up d’ingénieurs capable de créer une machine à café à huit facettes exploitables: contactez-moi!

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